dimanche 21 décembre 2014

Adieu DaTeh

Les préparatifs de Noêl vont bon train à la paroisse. L'église a fait peau neuve grâce à la quinzaine de paysans que PH nourrit le midi et paie 1,25 € par jour de travail.
Pour ce prix-là, aucun équipement n'est fourni, naturellement : alors, ils montent les échafaudages installés sur des bidons et travaillent sur le toit de l'église ou le clocher, en tongs ou pieds nus, sans casque, ni masque, ni harnais. Ils sont agiles comme des singes, à l'exception près que les singes se balancent sur la queue. 
Personne n'a chu, il faut donc qu'ils aient la foi. De toutes manières, il y avait du monde sur place  pour leur donner les saints sacrements, donc aucun blème.


Les travaux de réfection auront duré plus d'un mois pendant lequel les bruits de scie, de marteau et de meuleuse se sont rajoutés aux cloches matinales et aux coqs acariâtres.

La crèche est installée, les décorations le seront ce soir, l'agitation est à son paroxysme. PH court partout et surveille chacun des ouvriers.

Autant dire que pour se reposer aussi bien que pour travailler, les conditions n'étaient pas optimales.
Ailleurs, peu de décorations apparaissent.


Naturellement, rien sur la voie publique n'indique que les fêtes de fin d'année approchent. C'est un pays laïc qui ne célèbre que la  fête du Têt (au choix,  de cochon, de veau, de nœuds, ....) vers la mi février. Chez les commerçants, de maigres guirlandes décorent quelques vitrines.

J'entame ma dernière semaine à Dateh.

Déjà !! le temps est si passé vite, ici. Sur le plan professionnel, on y voit infiniment plus clair au risque de découvrir des résultats surprenants : en tous les cas, plusieurs centaines de paysans ont vu leurs revenus s'accroître et cela devrait continuer. Les outils ont été mis en place, l'organisation adaptée, restera à mon successeur de surveiller le bon fonctionnement  du projet.

Dans une semaine donc, je serai parti.

Adieu donc à mes fidèles coloc les margouillats  et les geckos qui me protégeaient (partiellement) de la morsure douloureuse des nombreux et voraces moustiques.
Adieu à mon logement spartiate, avec une larme pour mon lit dont la dureté a endolori mon dos et mon écope de d'eau chaude.
Adieu mes mangues quotidiennes dont la saveur ravit mes papilles à mon petit déjeuner.
Adieu à ces si gentilles vendeuses sur le marché qui chahutaient avec moi en éclatant d'un rire joyeux en dépit de leur bien modestes conditions.

Adieu à mes élèves d'anglais qui m'accueillent à grands saluts : "hello, Tony !" ( je me suis fait appelé Tony, car le vietnamien étant une langue monosyllabique, leur en mettre 3 avec Antoine était de leur créer un obstacle inutile).
Adieu à tous ces enfants et adolescents que je croise dans la rue et qui m'interpellent d'un sonore "Hello, how are you ?", les jeunes filles pouffant  (sans être pouffe) de rire, une main sur la bouche, heureuses d'avoir surmonté leur timidité.
Adieu à mon fidèle estaminet où le patron prépare un café noir dès mon apparition pour la modeste somme de 25 Cts €.
Adieu à cette station de canne à sucre dont je bois régulièrement un grand verre de jus pour 20 cts €.
Adieu à tous les estaminets où je m'arrête régulièrement pour une un en-cas impromptu, dont le patron me tend deux chaises taille enfant emboitées l'une dans l'autre, pour m'éviter de leur casser les pieds (aux chaises, pas aux autres).
Adieu mes compagnons de volley, qui font preuve de tant de gentillesse et de compassion à mon endroit (et à mon envers également), lorsque je loupe une balle si facile.
Adieu aux braves paysans qui remettent en cause leur manière de travailler dans le but d'améliorer leurs maigres revenus.
Adieu à tous les autres qui font sécher au soleil leurs récoltes de riz, de café ou de plantes médicinales.
Adieu et bonne continuation à l'équipe du projet qui fait preuve d'une si bonne volonté bravant leurs faibles compétences, pour la réussite du projet.
Adieu et merci à mes compagnons de repas qui ont si patiemment fait mon éducation gastronomique et linguistique (enfin, ils ont essayé). 
Adieu à la police et aux comités populaires qui se sont montrés si discrets dans la surveillance de mes déplacements et mes activités.
Adieu à tous les DaTehiers (habitants de Dateh, dont les épouses servent le thé, d'où les DaTehières), le chapeau conique (qui ? pardon, je des cones) vissé sur la tête, et le sourire collé aux lèvres, toujours prêts à se porter à notre aide.
Adieu la grande sérénité du lieu, si utile à l'équilibre de l'individu, où pas une fois je n'ai jamais entendu la formule d'accueil footballistique "enc....de ta mère", ou bien je ne l'ai pas compris..
Adieu aux routes pourries offrant des paysages sublimes, mais aux pièges nombreux et inattendus, à l'entretien approximatif.


Adieu à mon scoot pourri selon les normes européennes, mais presque neuf aux yeux des DaTehiers qui a transporté ma carcasse.
C'est  sur ce symbole que je terminerai mon dernier article rédigé à Dateh.

En effet, il traduit la grande imagination, voire l'intelligence, de ses utilisateurs pour répondre à leurs besoins de transport que j'ai quelques fois pu saisir dans les photos qui sont présentées ci-dessous. Au moment, où la commission européenne étouffe ses habitants par des normes aussi surprenantes qu'inutiles, la liberté quasi-totale laissée ici leur permet d'évoluer et d'avancer.


Siège moto norme QQ 007


Conduite accompagnée à partir de 18..........mois

Accroche toi bien petit !!!

Ah ! mon cochon !!!

Oh, la vache !!!

Attention à ne pas perdre mon chargement !


Mais où est donc Ikea ?

Vendeuse ambulante de poissons vivants



Transport exceptionnel de paniers d'osier


Transport combiné de personnes et de marchandises

Transport grandes longueurs


Ici, le chauffeur est à l'avant pour retenir le véhicule

A vendre, deux roues, toutes options,  bon état général, contrôle technique OK



Les scoot sont usés jusqu'à la corde

Convoi de bambous

Transport en surcharge

Transport de matières inflammables

Dépanneuse de vélos


Je garde encore un moment mon vocabulaire vietnamien, cette langue monosyllabique et sexotonale (aucune sexualité là-dedans, soyez rassurés, mais il y a 6 tons qui définissent la signification du mot),
Je conserve mon paquet de billets qui vont de 500 à 500 000  dongs, soit de 2 cts à 20 € (à ce prix-là, il n'y a pas de pièce) qui me seront utiles pour les deux semaines sur l'île de Phu Quoc avant de rentrer en France.

Le site vous présente l'enfer dans lequel je vais vivre à partir du 29 décembre et j'aurai une pensée pour vous, en Europe, blottis devant vos chauffages à savourer vos foies gras, huitres et dinde, tandis que moi, faute de me taper une dinde, je serai obligé de me contenter d'une malheureuse langouste grillée au bord d'une mer à l'eau turquoise me protégeant des ardents rayons du soleil sous un parasol qu'une aimable congaï m'aura installé sur une plage de sable blanc :
 http://homemadevietnam.com/voyage-au-vietnam/phu-quoc-1384.html#hotel_viet_thanh


Si vous ne recevez pas mon dernier article de là-bas, ne vous inquiétez pas, tout va bien.
Je rentre à Toulouse le 16 janvier, par  Hong-Kong et Frankfurt, si les équipages de Lufthansa n'ont pas la mauvaise idée de se mettre en grève.

Entre-temps, je vous souhaite un très Joyeux Noël, où que vous me lisiez.


lundi 8 décembre 2014

Saigon,ses fatiguantes trépidations


Le parti est omniprésent à la ville comme à la campagne.
Au sud, l'église est présente dans le moindre village au point où l'état s'en inquiète, tant il a  l'exemple de la Pologne  en tête.

PK, mon voisin de chambrée, me demande si je veux bien accompagner une troupe de danseurs et chanteurs K’Ho qui vont se produire à Saïgon dans le but de récolter des fonds pour le diocèse de Dateh : je sens qu’il lui ferait plaisir d’avoir une « caution occidentale » et j’accepte car je me suis attaché à leur gentillesse : cela me fera également une occasion de visiter Saïgon.
Et puis, j’en profiterai pour rencontrer en vrai le candidat au poste de responsable technique et remonter avec mon interprète, deux personnes avec lesquels je n’ai eu des entretiens que par Skype.

Les K'ho ont une peau plus sombre que les viets.

Après la photo traditionnelle de départ, nous partons à 6 heures en bus affrété rien que pour nous, 20 places pour ………………20 passagers : royal au bar ! Donc, un voyage de 5 heures, sympathique et confortable qui nous amène directement dans à la mission catholique de Saïgon.
Située dans le premier district, soit le centre ville, cette mission  comporte plusieurs bâtiments de très grandes capacités.
C’est vraiment très grand et je me demande comment les catholiques ont fait pour ne pas se la faire piquer par les communistes. Une autre interrogation me vient à l’esprit : d’où vient tout cet argent non seulement pour l’entretien, mais encore pour construire toutes ces églises modernes que j’ai vues tout au long du voyage. J’ai quelque mal à croire que c’est uniquement la générosité des fidèles, comme me l’avait dit PH, mais il y a des mystères qu’il vaut mieux ne pas dévoiler.

Bref, à notre arrivée, la troupe va prendre ses quartiers dans une grande pièce commune, PK disparait et on me conduit dans une grande chambre sans fenêtre, triste comme une cellule de moine, avec des crucifix sur tous les murs : il y a néanmoins tout le confort avec un matelas de pénitence et le WiFi dont le mot de passe : « magnificat » m’a fait mourir de rire, je me demande pourquoi un petit rigolo n’a pas introduit striptease ou bigtits.

Bon allez, le temps de défaire ma valise et il faut rejoindre le groupe pour le déjeuner.


 Le chanteur annonce que c’est son anniversaire et il sort une bouteille de ………………….Moët et Chandon. Comment et où l’a-t-il trouvé ? Et à quel prix ? Il y a des mystères plus profonds encore que le financement de l’église au Vietnam. Toujours est-il qu’il l’ouvre lui-même, nous en verse un verre et nous buvons ce liquide tiédasse sous 35 ° à l’ombre. Pardonnez ce pêcher, Dieu des Champagne !
Du vrai Moët & Chandon, vous vous rendez compte !

Le spectacle commence à 20 heures pétantes dans une grande salle qui peut contenir une trois centaines de personnes. On m’installe parmi les VIP, juste derrière le cardinal que je n’avais pas reconnu sans son bonnet rouge.
L'hymne national est chanté debout, la main sur le cœur, par l'ensemble des spectateurs.

Le programme est alléchant, jugez-en plutôt.

le spectacle commence par  les Pom pom girls de l’énergique troupe Nam Long &  nhom mùa ABC qui interprète Hung Vuong Dung Nuoc, dont le lecteur peut voir un (trop) court extrait.

Vient ensuite le groupe de tambour Khoe vi nuoc &  Trong Com qui joue à la perfection Duy Hoàn & Ca Trùng Duong. : à ne pas louper !
Puis, Les Montagnards Hop xuong  Dan ca Bac Trung Nam interprètent brillamment Dùc Toàn & Ca doàn Vuot Quat Gong & Tay Nguyen; inoubliable !
Vient,  ensuite, la troupe internationalement connue Tuan Khôi & nhom kich Idecaf qui joue Bên giéng Giacop avec tant de vérité.
Enfin, le spectacle se termine par l’inénarrable œuvre majeure Chuyên nguoi dàn bà 2000 nam truoc, magistralement interprétée par Nhom mùa Gx. Chau Binh.

J’ai tenu stoïquement les deux heures qu’a duré le spectacle et une telle qualité d’interprétation  m’a littéralement épuisé: la troupe  de montagnards m’invite à boire un pot dans leur chambrée, c’est sympa : deux d'entre eux parlent anglais, ce qui aide dans la conversation, ils me décrivent leur quotidien dans les champs de caféiers au dessus de Dalat. Très instructif.

On se couche tôt, car la troupe doit être à 5 heures du matin à la cathédrale pour vendre leur CD à la sortie de la messe dite par PK.

J’arrive pendant la messe des étrangers, plus tardive, bien sûr ; c’est là que je suis attendu pour aider à vendre les CD enregistré par les K’Hos. 30 000 Dôngs (1,2 €), pas cher. C’est mon argument de vente, et j’amène les longs nez au stand tenu par Lena. Le monde entier est représenté : Néozélandais, Américains, européens ça marche assez bien. A la fin de la messe, la cathédrale ferme ses portes.






Je décide de quitter la mission catholique pour m’installer plus au centre, dans un hôtel du quartier des routards et je pars à la découverte de Saïgon.
Au moment où je vais payer le taxi, je sens une main qui se saisit de mon portefeuille : par réflexe, ma main le serre plus fort et la tentative de vol échoue. Tout se passe très vite, je me retourne et je vois un homme qui s’enfuit : j’essaie un mawashi geri retourné, mais mon dernier datant de 30 ans, c’est plus marrant qu’efficace ! Je lui cours néanmoins  après en hurlant, mais il saute sur la moto de son complice et ils disparaissent dans la circulation. On m’avait prévenu : ne rien laisser apparaitre au risque d’un vol à l’arraché.
HCMV est une énorme agglomération d’au moins 8 millions d’habitants  sans compter les 2 millions de migrants des campagnes. La circulation est intense où tous les coups sont permis ! Les conducteurs n'ont ni Dieu, ni maître et doivent penser que les marques sur la chaussée sont du street’art ! Il y a significativement  plus de voitures qu’à Dateh dont aucune française (pas fous, les vietnamiens), mais les camions et, surtout, les deux roues restent largement majoritaires. Ceux-ci doivent avoir une règle d’or qui consiste à ne jamais mettre pied à terre, car la circulation est permanente.

La traversée de la chaussée relève donc d’une épreuve militaro-sportive : comme pendant un défilé militaire,  il faut avancer la tête tournée à gauche et au fur et à mesure qu’on s’approche de l’axe centrale de la rue la tête se tourne progressivement à droite pour voir l’ennemi arriver de l’autre côté. S’arrêter serait une erreur grossière, courir, un risque déraisonné, faire demi tour, un suicide.

La ville offre peu d’attraits : en effet, son histoire est relativement récente, de la colonisation française. Donc, les monuments les plus anciens datent du 19ième siècle, dont la cathédrale construite avec des briques directement importées de Toulouse (Ô, Toulououououse !), la poste influencée par Eiffel, le reste n’est qu’un architecture hétérogène, où les petites maisons mal entretenues côtoient les immeubles super modernes, où la pauvreté côtoie la richesse, où la tradition se mélange à l'occidentalisation. En fait, les connexions électriques traduisent bien l'ambiance de la ville.



Une rue dans le District 1


La poste

Pour mes amis lecteurs socialistes, nostalgiques de l'ambiance URSS et sa propagande omniprésente, nous la retrouvons bien en vue sur les murs du centre-ville : quelques morceaux choisis dont je donne la traduction sur demande.




Marcher dans la rue est fatiguant, car les trottoirs sont encombrés par les motos qui sont garées sous la surveillance de gardiens privés, le bruit est omniprésent, l’air est chaud, humide et très pollué.



Mon séjour à HCMV  va me permettre de trouver ce qui manque à DaTeh.


Une relation de relations m’invite dans un restaurant français : bizarrement, nonobstant mon attrait pour la bonne chère, la gastronomie française ne me manque absolument pas : je n’ai pas bu un verre de vin depuis deux mois, et pourtant, je n’en commande pas. De plus, l’ambiance d’expat du lieu me met mal à l’aise, surtout lorsqu’un des convives me dit : «  alors, de retour à la civilisation ? ».
Je la toise en répondant : «  quelle civilisation ? ».
C’est que je me sens bien à Da Teh où l’accueil, l’hospitalité, la spontanéité, la curiosité, l’authenticité  des habitants est si sympathique. La superficialité des  grandes villes m’attirent de moins en moins.

Direction le marché pour m’acheter les vêtements qui me manquent : Il ne se distingue pas des autres marchés dans les autres pays du sud-est asiatique : on est agrippé, au sens propre du mot, par des vendeuses qui offrent des copies de marques dont  il faut diviser le prix proposé par 3, au moins.







Il y a des restaurants dans ce marché couvert : je ne résiste pas à l’envie de manger des fruits de mer : il y en a plein que je ne connais pas et je ne risque pas grand ‘chose, ils sont cuits.





Ensuite, un coiffeur : le premier est occupé avec un handicapé, le second offre des sièges d’attente trop fragile pour ma constitution (la seule fois où je me suis assis sur ces sièges, les 4 pieds, dans une simultanéité touchante, ont fait un grand écart), force m’a été de choisir un autre tout aussi accueillant.






Et maintenant, un massage honnête et professionnel : ils sont légion dans le quartier des routards. Influencé par son nom, mon choix se porte sur le Kaka Spa, cela ne doit pas être de la merde, surtout qu’il m’est proposé par une de ses meilleures représentantes, qui vous salue.


Massage im-péc-cable : douceur, efficacité, relaxation, hygiène du lieu, tout cela pour 10€.

 J’en ressors rasséréné et léger, tout va bien si ce n’est le ventre qui s’est mis à gargouiller bizarrement : il est temps de rentrer à l’hôtel.





Bien m’en a pris, car je me suis vidé les intestins toute la nuit, un vrai nettoyage en profondeur : au petit matin, j’étais prêt pour une coloscopie, même avec Jacques Chancel, mais pas pour un retour en bus  à DaTeh avec Hao, mon nouvel interprète !

Sa première mission est donc de me trouver du Smecta et de l’imodium dare-dare et le voyage est reporté au lendemain. Je passe la journée enfermé dans ma chambre d’hôtel, maudissant les nombreuses ruptures de la chaine du froid des fruits de mer….de.
Le lendemain, bourré d'imodium et de Smecta,  je paie mon hôtel près de 2 millions VND: c'est la première fois que je fais une carte bleue d'un tel montant. Il faut avouer qu'au bout de 40 ans de socialisme, tous les vietnamiens sont millionnaires : en France, il nous reste que 37,5 ans à attendre, patience, donc.

Hao suggère de revenir en faisant un changement de bus à Ma Da Gui, pour éviter la longue collecte des clients dans Saïgon.
Faisons confiance, il connait les lieux mieux que moi. Son histoire personnelle  est émouvante. Il a quitté le Vietnam à 14 ans en 1978 avec ses parents après qu’ils aient été dépossédés de leur commerce par le pouvoir socialiste qui les a considérés comme d’affreux capitalistes bourgeois et réactionnaires. Ils ont tout perdu et sont partis une main devant, une main derrière en France où sa sœur faisait des études.
Il a donc repris sa scolarité dans la région parisienne où il a appris à parler français qu’il maîtrise maintenant parfaitement. Il y a quelques années, il est revenu s’installer au Vietnam pour la filiale locale de Cap Gemini, et pour une raison personnelle que j’ignore.

Le bus évite les immenses embouteillages de la périphérie de Saigon et nous traversons d’immenses forêts d’Hévéa qui fournit ce latex si nécessaire à nous protéger !!!!


Je suis content de retrouver le calme et la sérénité de DaTeh, en dépit de notre confort spartiate, mais suffisant.



mardi 2 décembre 2014

La persévérance paie : j'ai réussi à me faire masser à Da Teh !





ETAPE 1

J’ai perdu les clés de mon logement : incident insignifiant au demeurant. Mais ici, moins. Je demande à Giang où se trouve le double. Le père Kinh l’a perdu depuis plusieurs mois, mais pourquoi n’a-t-il pas fait faire une double. Pour ce type de serrure, il faut aller à Saïgon (environ 5heures de route) .
Mais qu’à cela ne tienne, faisons venir un serrurier ! Mais, il n’y a pas de serrurier à Dateh (clés ???). C’est ainsi que j’ai vu arriver un homme avec sa boite à outils, sous l’autorité de Giang, qui s’attaque au panneau gauche de ma porte à coups de couteau et de marteau. Il arrive enfin à en enlever un pour se glisser à l’intérieur de mon logement. En fait, il doit démonter la serrure de l’intérieur. Visiblement cela lui pose quelques problème et car il tape de plus en plus fort. Il ressort visiblement énervé, non pas qu’il travaille un dimanche, car ici, tout le monde travaille le dimanche, mais parce qu’il se heurte à un obstacle imprévu. Il revient avec une meule, c’est que la chose devient sérieuse ! Et, il meule avec joie, car au bout de 5 minutes, il ouvre la porte, un sourire radieux aux lèvres.

ETAPE 2
ETAPE 3
La porte est effectivement ouverte parce qu’il a défoncé le pêne. A ce propos, si une digression m’est permise , un créateur de monuments funéraires  m’a confié en toute confidentialité, qu’une chef de parti français lui avait commandé un monument pour son papa, dont je vous livre la photo !
Revenons donc à la porte dont le bilan est le suivant : poignée défoncée, pêne arraché et serrure toujours en place. Pour fermer la porte à clé, reste à m’acheter un cadenas. La vie est simple, l’ouvrier remet en place le panneau.

Mes divers déplacements en scooter et bus ont réveillé mon arthrose dorsale : je l’avais bien prévu et mon médecin m’a donc prescrit un anti-inflammatoire ……………………………………..en gel. C’est pratique pour le genou, mais pour le dos, quand on est seul, whalou !!
Le recours au massage est donc devenu une nécessité impérieuse. J’en parle prudemment, délicatement, pédagogiquement à table au milieu de mes prêtres et Giang prend son téléphone, échanges quelques paroles et me dit que le dimanche à 14h viendra une masseuse.
Si j’avais su que c’était aussi facile, je le lui aurais demandé plus tôt. Toujours est-il que les prêtres affichent une mine curieuse, car cela doit être la première fois qu’une masseuse pénètre l’enceinte de la mission !

Dimanche, à l’heure pile, je vois Giang avancer vers ma porte accompagnée de la masseuse et je comprends pourquoi il a été si facile de convaincre Giang : ah !!!!!!, aucun risque que je commette le péché de chair dans cette enceinte catholique !!!!
La masseuse est une femme d’un cinquantaine d’années, dotée d’une bonne, voire, forte constitution, tendance barrique, au visage ingrat, (pas la barrique, mais elle), dont la peau est marquée par la vie : elle porte une poubelle en plastique rouge, remplie de pots de yaourt rouge. Tiens, me dis-je c’est une femme de ménage qui fait des extras, comme beaucoup. Nous pénétrons dans mon logement, et comme il serait inconvenant que je m’allongeasse sur le lit, Giang déroule une natte par terre, fabriquée en coco naturel par des gens qui ne le sont pas,  et s’en va, me laissant seul avec la masseuse dont j’ignore le nom et avec laquelle la communication se réduit au minimum. Je fais confiance à Giang pour l’avoir préalablement informée.
Je me déshabille : n’hurlez pas les filles, j’enlève juste mon T-shirt, je garde prudemment mon pantalon et je m’allonge sur le ventre. Le bruit des pots de verre attire mon attention et je regarde ce qu’elle fait. Elle a allumé une petite torche imbibée d’essence qu’elle passe à l’intérieur d’un des pots de verre, et avant que j’aie eu le temps de dire quoi que ce soit, elle me le colle sur le dos. C’est à ce moment que je comprends qu’il s’agit de ventouses : elle m’en colle au moins une vingtaine sur le dos en un temps record, et me regarde avec le même sourire béat que celui des ouvriers charpentiers : et elle attend. Les ventouses me tirent douloureusement la peau, j’essaie de penser à la réservation que j’ai faite sur l’ile de Phu Quoc pour la fin de l’année, à ma famille, au boulot, au système concussionnaire vietnamien, à la faim dans le monde, à la fin du monde, mais rien n’y fit, je n’y tins plus et implorais par gestes que le supplice cesse. Elle retire les pots aussi vite qu’elle les a mis et un doux soulagement envahit mon dos meurtri.

 Pour une courte durée. Car, elle me demande si j’ai de l’huile de massage, comme si j’allais à Montélimar avec mes nougats !! Ma réponse négative l’émut peu et elle se mit à me masser vigoureusement le dos à sec. Pour être honnête, je préférais les ventouses !

 Ensuite, sur ses instructions gestuelles, je m’assois et elle entreprend un massage du cuir chevelu : heureusement, que j’ai les cheveux courts ! je ne comprends pas le bien que cela apporte, mais quand il s’arrête, on se sent tout de suite mieux ! Enfin, elle termina en me donnant de grands coups dans le dos, à me déboiter une vertèbre. Stoïque, j’attendis la fin de la séance, sans broncher, la remercia, la paya (2€) pour tout le mal qu’elle m’avait procuré et malicieusement invita PK qui observait la scène (pas biblique du tout) par la fenêtre ouverte à bénéficier de ce traitement.


Je confesse un pécher véniel de mensonge : au repas suivant, toute la tablée m’a demandé comment je me sentais, et diplomatiquement, je les ai remercié d’avoir trouvé une pareille perle dont la prestation m’a fait tant de bien.

Hao, mon nouvel interprète (mon pansement n’a tenu que 2 semaines) m’a dit que les ventouses étaient très couramment utilisées au Vietnam et il est vrai que j’ai observé un certain nombre d’hommes torse nu aux marques très prononcées des pots.

Toujours est-il  je reste avec mon problème de dos et la chance (comme l’abbé) me sourit lorsque je fais la connaissance de Tuyên : elle est la récente ancienne maîtresse de Marc, maître nageur bénévole qui intervint quelques mois dans la piscine de l’école Viet Ahn. Elle me raconte son histoire avec lui par le menu et je retiens seulement qu’il lui a fait le coup de « si je retire mon doigt, tu coules ! ».
Lorsque je lui parle de mon besoin de massage, elle m’informe qu’un tout nouveau salon vient d’ouvrir à 2 km de la sortie de la ville sur la route de Ma Da Gui. Elle m’indique même les conditions : 120 000 VND pour le salon et un pourboire minimum de 100 000 VND pour la masseuse qui n’est payée que par cela.

Pas de souci, c'est environ 9 €, elle se propose même de me le montrer et servir d’interprète : l’aubaine ! On y va à scooters séparés et je suis effectivement accueilli par une élégante réceptionniste à qui je verse les 120 000 Dôngs convenus et une jeune fille me conduit dans un salon privé, tout neuf, équipée d’une table de massage, de deux fauteuils  et d’une  salle d’eau avec sauna.

Elle me fit signe de me déshabiller et de m’allonger.  Grand dilemme, gardé-je ou retiré-je le dernier rempart de ma virilité tant convoitée par les femmes du monde entier ?
Je m'interroge, non pas par exhibitionnisme, mais  parce que le massage est une hygiène de vie qui permet la circulation de l’énergie dans tout le corps  et elle ne s’arrête pas à l’élastique du caleçon pour reprendre à mi-cuisse.Nourri de mes expériences précédentes, je décide de le garder et j’attends la masseuse. Quand elle entra, un gros doute surgit . Une femme jeune, courte sur patte, en  forme de bouteille de Perrier, (cela devait être la fille de ma précédente masseuse), juchée sur des talons de 20 cm, habillée d’un tailleur rouge vif RLT, avec rouge à lèvres assorti………………….
C’est peut être l’uniforme de la maison, après tout. Elle me demande d’enlever ce caleçon ridicule et se met au travail en commençant par le dos. C’est vigoureux, ça doit vraiment être la fille de l’autre, mais qui a investit dans l’huile de massage. Au bout de 20 mn, le massage recto verso est terminé et c’est à ce moment que je découvre qu’elle est une aficionada de Monika  LEWINSKI. Par geste, elle me propose de rentrer au club pour la modique somme d’un demi-million de Dôngs. Profondément dépité, il me reste plus qu’à me rhabiller sous le regard étonné de la masseuse, qui devient courroucé lorsque je lui colle un billet de 50 000 Dôngs dans la main.
En quelques mots, j’explique à Tuyên l’activité du salon, qui ne s’en émeut pas plus que ça.


Reste que mon problème n’est toujours pas résolu, et qu’il va me falloir aller plus souvent à DaLat et Saïgon.
Je vous raconte ma découverte de Saigon dans un prochain article !