vendredi 17 octobre 2014

Je me déplace !


Un véhicule de service m’est alloué. C’est très local, voire, d’un banal : un scooter donc.

PH me le présente et m’en montre les rudiments. Ici, la première des choses qu’on montre sur un véhicule, c’est le klaxon avant tout autre accessoire. Mon pansement (Emmanuel) pense que je suis incapable de conduire un tel engin s’installe d’autorité devant et m’invite à m’assoir derrière lui. Ma souplesse de caractère – plus que celle de mes écarts - me conduit à obtempérer et nous voilà partis derrière PH à Quoc Oai, petit village à 15 km de DaTeh (papiers ?) en suivant PH.

Je découvre le laboratoire de multiplication des plantains (vide) et les bananeraies cultivées par les minorités Ma & K’Ho (prononcez Kro, comme la Kro) où les deux techniciennes me donnent les explications.



A ma gauche, Dung, 25 ans 32 kg, à ma droite Sen, 24 ans 26 kg

18 000 bananiers plantés aux milieux des caféiers et autres anacardiers. La déforestation fait des ravages écologiques dans cette région et la ralentir, voire, l’arrêter est un des objectifs de ce projet.

La campagne ici est bucolique, les couleurs sont vives, les animaux d’élevage sont partout, souvent de manière isolée, les gens travaillent dans les champs et les rizières.






Elle ne va pas à l'école, trop chère.



Les buffles viennent faire le plein

PH entre dans une discussion animée à laquelle je ne comprends rien, tout comme mon pansement car elle se déroule en K’Ho. Il m’explique ensuite que les paysans ont préféré aller cueillir des pousses de bambous, et que cela leur apporte 4 000 Dongs pour 10 kg, une misère (0,16€) : il les achète et on les charge sur son scooter.

PH avec ses 10 kg de pousses de bambous
Avant de repartir il m’invite à aller rendre visite à un voisin dans sa maison. Là, la carte postale cède sa place à la misère. L’intérieur est sombre : dans la première pièce trône un petit téléviseur sur un tabouret en plastique et un poste de radio par terre qui datent des années 70. Une natte en paille couvre partiellement un sol de béton brut. Dans la pièce suivante, 2 hommes sont assis sur un lit : un bâton de bois, fixé par des ficelles à son tibia gauche lui sert d’attelle. PH me raconte qu’une moto lui l’a renversé et qu’elle lui a roulé sur la jambe en la fracturant.
« Pourquoi ne va-t-il pas à l’hôpital, j’ai vu un dispensaire à l’entrée du village ?

-          Parce qu’ici, on ne soigne pas les pauvres ! »

Mon regard embrasse la pièce. Il y n’a rien de superflu, il survit. Pas de toilettes, ses quelques vêtements sont accrochés à des clous, pas de vitre aux fenêtres, une ampoule poussiéreuse pend au plafond, tout y est gris, sombre.

PH lui tend un billet de banque, lui donne son paquet de cigarettes et nous sortons. Je ne fais pas de commentaires à la réponse de PH, parce que le livre « vivre avec les Vietnamiens »de Philippe PAPIN et Laurent PASSICOURT aux éditions de l’Archipel m’avait préparé à cette situation, mais c’est autre chose de la voir en réalité. J'en recommande la lecture, et pas seulement à mes amis socialistes.

Dehors, je retrouve le même paysage bucolique, mais je sais ce qu’il cache.
Cette anecdote justifie ma contribution à ce projet et je souhaite de tout cœur qu’il réussisse.

Nous reprenons nos scooters pour rentrer à DaTeh  et je prends le guidon, mon pansement me collant derrière : le vent me fait du bien.

C’est à ce moment que je constate que le frein arrière est inexistant et que le pneu avant est lisse.

Les règles de circulation sont assez simples : on fait ce qui nous arrange, quand on le veut, mais lentement. Et en définitive, tout se passe relativement bien. Le klaxon est l’instrument incontournable du conducteur. Il obéit à la définition du code de la route, avertisseur sonore : alors on avertit, constamment, on est averti en permanence, sans agressivité aucune, rajoutons à cela que de plus en plus de véhicules se sont fait installer un signal sonore de clignotant,  le signal sonore de recul des véhicules, les haut-parleurs fixés sur les scooters des vendeurs de rue, le bruit des moteurs, tout cela vous donne une idée de l’ambiance qui règne dans les rues.

A Dateh, c’est encore tout à fait supportable, car la bourgade est très étendue et très pauvre alors beaucoup de personnes circulent encore à vélo. A Dalat et Saigon, c’est une autre histoire.

Le peu de voitures particulières sont pratiquement toutes récentes et de grosses cylindrée. En revanche, il a  pas mal de bus (du mini au bus-couchettes) des camions

Je ne trouve pas l'adresse où livrer cet éléphant !!!
et beaucoup, beaucoup de deux roues qui transportent, au-delà du passager, des marchandises improbables.
Les visages des conducteurs sont masqués comme s’ils allaient braquer une banque : en fait, c’est pour se protéger de la poussière et du soleil. Car la mode en Asie est de ne pas être bronzé pour montrer qu’on ne travaille pas dans les champs. Je reconnais qu’il y a beaucoup de poussière et après deux peelings, je m’intéresse à l’achat d’un masque que l’on fixe derrière les oreilles. Mais ils sont dessiné pour les asiatiques et mon nez est trop long !! Le casque est obligatoire : alors cela va du casque intégral au casque militaire en passant par le casque de chantier. Les vietnamiens le mettent sur leur couvre-chef ce qui leur donne une drôle d'allure.







Un famille de Ma Da gui en promenade dominicale



Le dimanche, le père modèle promène sa famille

3 générations sur la même moto !
Lorsqu'il pleut, ce qui arrive tous les jours en ce moment, les conducteur enfile une grande cape en plastique, sous laquelle se protège le passager arrière.

On n'a pas l'air intelligent, n'est ce pas ?

Mon pansement m’explique que le gouvernement n’ayant pas d’argent pour améliorer les infrastructures routières, taxe l’importation des voitures à 300% et favorise l’achat de scoots (toujours prêts). Alors, les vietnamiens transportent tout sur leurs scooters, de leur famille jusqu’aux marchandises les plus improbables.

Mon scoot, maintenant réparé, me donne une liberté de circulation dont je profite largement.

Ce n’est pas pour améliorer mes maux de dos, mais, optimiste, je me ferai masser. J’ai repéré sur Google un salon de massage. Fichtre, il a fermé faute de client. Tant pis, je vais à Ma Da Gui, à 30 mn de scoot. Même déception, les deux salons repérés sur google  ont fermé pour la même raison. La région est donc vraiment pauvre et google n’est vraiment pas fiable.

Mes visites au marché suscitent la curiosité et l’hilarité (Clinton) des commerçants. Ils sont très cordiaux, souriants, joueurs, bons enfants.
Le contact passe bien et vite en dépit du blocage de la langue. Pour m’indiquer les prix, ils sortent la somme correspondante en billets et voilà. La variété des fruits et légumes est exceptionnellement étendue. Des gros pamplemousses sans jus, des oranges vertes, des graines de lotus,  des kakis (qui sont rouges comme leur nom de l’indique pas), des mangues, des ramboutans,  des mangoustans, des fruits du dragon, des grenades (ils ne sont pas rancuniers, après toutes celles qu’ils ont reçues !) : à la marchande, j’ai réussi à lui apprendre le nom d’une variété de grenade française, la BERNIE, mise au point par un grand botaniste provençal qui se reconnaitra peut être.

Les délicieuses chrysalides !



Le masque n'est pas contre l'odeur, quoique..........

Les escargots sont énormes !!!!

main droite, le fruit du dragon, mai gauche, euh j'en sais rien, mais c'est bon.

Et des bananes, bien sûr, mais nous en mangeons régulièrement à la paroisse, à la grande joie des convives. En effet, banane se dit « Chui » en vietnamien avant le ton montant. Selon le ton (et le temps ?) « chui » signifie balai, glisser et chapelet. Alors, les première fois, je me suis très naturellement planté et ils ont été morts de rire : j’ai dû dire un truc comme  « j’ai glissé sur un chapelet de bananes avec mon balai » Alors, ils me font dire « banane » avec l’accent montant et mécaniquement ma tête monte pour accompagner le ton, le phénomène inverse se produisant pour l’accent descendant, et là, ils sont pliés de rire à nouveau. Un rien les amuse, cela met un peu d’ambiance. Les repas sont toujours aussi copieux et variés, avec viandes et poissons, riz et légumes.
Je découvre encore beaucoup de mets et je ne demande ce que c'est que lorsque je trouve succulent : hier, j'ai eu des fleurs de bananiers en salade : un hectare  nectar  !!!!

Le marché ressemble à tous les marchés du sud-est  asiatique: les poissons sont vendus vivants dans l’eau pour garantir leur fraicheur, ce qui n’est pas le cas de la viande. On y va pour se ravitailler, car il n’y a pas de supermarché, j’y vais également pour l’ambiance et pratiquer mes quelques mots de vietnamien. Les vietnamiens n’ont pas peur du contact corporel et c’est ainsi qu’homme ou femme se touche le bras, l’épaule, le dos, voire le torse pour les hommes (mais jamais le cul, car ils n’en ont pas). C’est ainsi qu’au moment où je sortais mes billets de la poche intérieure de mon gilet reporter que je portais à même la peau, deux ou trois vendeuses m’ont tripoté le torse en se marrant comme des baleines.

Dans la rue, les vietnamiens à pied ou à deux roues m’interpellent avec un grand sourire pour me dire bonjour en anglais, pratiquant ainsi le peu d’anglais que les gens connaissent. En fait, je me sens bien ici.
Le soir, on dépit de ce qu’on peut croire, je ne m’ennuie pas. S’il ne pleut pas (ce qui arrive peu souvent), je sors pour une promenade digestive et je fais toujours des rencontres savoureuses.
Un soir, attiré par des projecteurs, je découvre un match de foot qui se joue sur un terrain de hand recouvert d’un gazon artificiel. Les deux équipes se donnent à fond devant des spectateurs. L’un d’entre eux m'invite à m’assoir et me propose, dans un anglais compréhensible, de jouer avec son équipe : mes compétences, ma condition physique et mon âge justifient que je décline sa sympathique invitation.
Un autre soir, je constate de l’activité dans une salle qui annonce des cours d’anglais : tiens, me dis-je,  voilà une occasion d’élargir mon spectre de relations, car, aussi gentils soient-ils, la compagnie ecclésiastique est un peu étouffante. Je tombe sur Quang qui donne des cours d’anglais à des enfants de 6 à 10 ans qui sont ravis de me voir, me parlent, me touchent, rigolent, tout comme le prof avec qui j’échange nos 09.
Pas plus tard qu’hier soir, je suis hélé (et zélé également) par un groupe de personnes qui épluchent un gros pamplemousse : gestuellement et onopatoméennement, il m’invite à le partager avec eux. J’en mange un quartier, reste un quart d’heure avec eux, on parle de tout et de rien, surtout de rien du reste, car le langage des gestes a ses limites et nous nous séparons heureux de cette rencontre :
 Qui dit qu’on s’ennuie le soir à Da Teh ?

5 commentaires:

  1. Trop bien les photos, quel dépaysement! Continue à amuser la population locale, c'est déjà un beau service à leur rendre.

    Bises, C&C ltd

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  2. Merci pour la pub !!! Tu peux leur dire que je suis prêt à leur en fournir, de mes grenades !!! Biz et bonne suite, on suit tout ça avec intérêt ! Bernard et Sylviane

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  3. Je suis tombée sur ce blog via le forum VF car je m'intéresse au Vietnam. Je dois dire que tu as une bonne plume et un talent comique certain, le géant au pays des liliputiens, hahaha!

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    1. Merci pour le compliment !!
      Lilliput en quelques sorte !

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