samedi 4 octobre 2014


Me voilà enfin arrivé à destination ! Le voyage s’est bien passé en dépit de sa durée.

Le voyage en avion a déjoué toutes mes observations empiriques : les 3 vols sont partis et arrivés à l’heure.

Aucune problème pour la correspondance à Francfort et j’ai embarqué pour la première fois dans un A380 : ce n’est plus un avion, c’est un paquebot volant. La Lufthansa laisse plus de place pour les jambes et les Singapouriens (du tout) se seraient crus en Business. Il faut dire qu’ils ont une corpulence qui leur permet de voyager partout avec confort. Aucun contact avec mon voisin occidental sur les 12 heures de vol. Peut être que le fait que j’ai enlevé mes grosses chaussures de marche, libérant ainsi mes pieds fumants a dû l’incommoder ???
Peu importe, je veux profiter de ce long vol pour commencer à apprendre le vietnamien. J’ai pris la précaution d’enregistrer tous mes cours Assimil sur mon Smartphone : j’écoute, je répète, j’écoute, je répète, j’écoute, je répète, j’écoute, je répète : ce sont les répétitions que mon voisin a moins appréciées, car parait-il, je répétais trop fort et à une heure du matin, il voulait dormir.
Arrangeant, j’ai rangé mon matos et je l’ai imité. Une plus tard, il m’a fait remarquer que mes ronflements le gênaient. Difficile de voyager avec des petites natures.
A l’atterrissage, il s’est tenu loin de moi pour ne pas recevoir mon bagage cabine sur la tête.


L’aéroport de Singapour est égal à lui-même. Propre, fonctionnel, pratique, impersonnel, insipide, riche, aucun problème donc pour s’enregistrer sur Vietnam Airlines et attendre ma correspondance.

Good morning Vietnaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaam ! Je n’ai pas osé le crier en entrant dans l’avion où j’ai été accueilli par une ravissante hôtesse vêtue de la tenue traditionnelle : il s’agit d’une longue tunique qui descend jusqu’aux chevilles, fendue jusqu’aux hanches (ahahahahahahahah !) et d’un pantalon (ohohohohohohohoh).
Une majorité des passagers est passagère. Il y a plus de femmes que d’hommes, et mon siège se trouve naturellement entre deux (jeunes) femmes : celle de gauche, de l’autre côté de l’allée, porte une simple robe dont le tissus ne suffirait pas à faire un string à Marianne James, ma voisine de droite est très conviviale : elle me finit mon plateau et cette initiative crée des liens. J’en profite donc pour la prendre comme répétitrice de vietnamien. Le vietnamien a eu la bonne idée de prendre l’alphabet latin d’une part, et de faire figurer les tons sur les lettres d’autre part. Reste à le prononcer et c’est une autre paire de manches. Elle me disait « Look at my mouth ». Alors je la regardais prononcer et j’étais déstabilisé. « Look at my tong » : je ne fais que ça !!!
Au bout d’une heure, une certitude s’imposait : je ne serai pas bilingue en vietnamien.

Les formalités de visa ont duré à peine 15 mn et me voilà sorti de l’aéroport où m’attendaient An et mon interprète. J’ai tout de suite arrêté de fantasmer lorsque j’ai vu qu’Emmanuel s’écrivait sans « e ».

Il a 22 ans et vient de terminer ses études de guide touristique dans l’Université de Cao To dans le delta du Mékong. Il est protestant, ce qui est équivoque dans un pays où la protestation est interdite et il fait partie de l’ethnie chinoise, l’une des 54 ethnies qui peuplent le Vietnam.

Ils m’emmènent à l’hôtel en taxi et je découvre la circulation dans HCMV. A 20 h, il parait que le pic est passé : je suis donc curieux de voir ce que ce sera le lendemain matin.
De toute manière, il fait faim, car avec ce foutu décalage horaire j’ai loupé un repas, ils m’amènent donc au restaurant…………………………en scooter.

Il aurait fallu voir la gueule du scooter lorsqu’il a pris près d’un quintal sur le siège arrière : An, le conducteur, a été aussi étonné que les amortisseurs, a failli faire une roue arrière involontaire, a zigzagué un peu, ne se distinguant pas ainsi des centaines d’autres 2 roues et nous voilà partis dans le flot de la circulation.









Le lendemain, nous prenons le bus pour Da Teh : il est unique, je n’en ai jamais vu de tel ! Il faut se déchausser à l’entrée sous l'étroite surveillance du chauffeur qui distribue des sacs plastiques : naturellement, mes chaussures de marche à tiges renforcées n’y entrent pas.
Des couchettes sont disposées sur 3 rangées et sur 2 niveaux : on ne voyage QUE couché. Mes camarades ont choisi se s’installer dans le fond, il n’y a pas d’autre choix que de les suivre
. D’abord, il faut y grimper avec ses bagages à main. Une fois là-haut, je m’aperçois qu’il faut glisser ses jambes dans un coffre qui sert de support au passager de devant. Donc, je le fais. Ces coffres ont été élaborés pour la taille des autochtones, significativement inférieure à la mienne. Si je tends les jambes, ma tête dépasse du siège et pend dans le vide,. Dans le sens de l’initiative qui me caractérise, je passe mes jambes de part et d’autre du coffre et mes pieds arrivent à la hauteur des oreilles du passager de devant. Il n’a aucune réaction, tout va bien, ou à peu près car nous sommes à  25 cm du plafond, les lumières sont éteintes et les vitres sont fumées. Je ne verrai donc pas le paysage.
Je m’enquiers auprès d’An du temps de trajet : 5 heures, si tout va bien. 5 heures !!!! Mais, Da Teh n’est qu’à 175 km d’HCMV !!!!!!!! Oui, mais la route est mauvaise et le car s’arrête pour prendre d’autres voyageurs.
Justement, il y en a 2 qui arrivent d’un pas décidé vers le fond du car et ils s’installent de part et d’autre de moi. Je dois ranger mes jambes, mais où ?  L’unique solution est de rester en position accroupie. Le car est reparti, mes voisins s’endorment, je me demande comment ils font, le car klaxonne toutes les 25 secondes et la route est, en effet, défoncée. Il m’est impossible de lire,  mon esprit s’évade. Je regrette d’avoir loupé tant de cours de yoga. Le voisin de gauche se met à ronfler, je pense à mon voisin d’avion. C’est vrai que ça énerve ! Mon unique occupation est de jouer sur mon smartphone à la réussite et au Sudoku. Au bout de 3 heures le car s’arrête dans une station service.
« no need to take your shoes with you » me dit An tandis que les voyageurs imprévoyants  se précipitent vers la porte : en effet, pas besoin de prendre ses chaussures, puisqu’un grand bac rempli de tongs en plastique attend au pied de l’escalier : je regarde avec attention, je demande s’il n’y a pas du 45/46, Emmanuel, zélé traduit, tout le monde se fend la poire, et force m’est de prendre du 41.
On en profite pour se sustenter, car j’ai loupé mon petit déjeuner et il est déjà 15h.
10 mn pas plus, on se serait crû à un déjeuner finlandais. On remonte dans le car et en voiture Simone.

Mon esprit recommence à vagabonder : la plupart des vietnamiens portent des tongs, et je me demande s’ils connaissent la danse des tongs de "Camping". Il faut que je leur apprenne.

Le chauffeur gueule dans le micro, je n’y comprends naturellement rien.  Soudain, An  se redresse : « we go down now ». J’enfesse mon voisin (ce néologisme traduit plus fidèlement mon mouvement que « j’enjambe »). Et, nous descendons juste en face de l’église de Da Teh.

 Enfin, arrivé !!
Ce voyage en car m’a moulu. Je découvre l’environnement de mes 3 prochains mois.

Le Père Hô m’accueille gentiment.
Je dois lui faire bonne figure, je décoche un sourire « made in China », ref 245 VT 68 et il me conduit directement à ma chambre.

C’est là que je vais vivre !!! Emmanuel fait la même tête que moi.

Je vous raconte mon installation à Da Teh dans quelques jours.

A bientôt donc..........................

3 commentaires:

  1. Pas de pdj et pas déjeuné à 15h !!! t'es en vacances ou quoi ? On aimerait savoir si tu te rends à l'office de 7h du dimanche pour tisser des liens fraternels avec tes nouveaux amis !

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  2. Moi, je veux une photo de ta cellule de moine, avec mini lit aux dimensions asiatiques, sans doute. Alors qu'est-ce qui dépasse, la tête ou les pieds?

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  3. Nous sommes ravis de voir que tu ne t'ennuies pas !
    le fruit à gauche ne serait ce pas une orange napalmisée en 1962

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